jeudi 29 septembre 2016

Le silence mental : se laisser traverser




Définissons donc le silence mental. 
Il ne s'agit nullement d'un mystère 
ni d'un pouvoir interdit aux simples mortels.
Ce n'est pas la bêtise d'un bovin à deux pattes. 
Ce n'est pas le "silence" d'un crétin.

Un piano de concert de grande marque est, 
au point de vue qui nous intéresse, silencieux, 
alors qu'une merveilleuse sonate 
résonne sous les doigts d'un concertiste.

Tous les auditeurs entendent la sonate, la musique, 
mais le piano-individu reste silencieux... 
Le pianiste retire ses mains et le piano se tait.

Un piano de mauvaise qualité ajoute des vibrations, 
des craquements, des grincements, la mécanique résiste,  
le son ne sort pas ou sort trop dans l'aigu 
et pas assez dans les basses, il ne tient pas l'accord... 
Le piano s'exprime au lieu d'être un canal silencieux...

Le silence du piano n'est pas d'être muet : 
ce ne serait pas un piano mais un meuble décoratif ; 
le silence du piano consiste à ne pas interférer 
tout en servant de support à la musique 
qui descend à travers les doigts du concertiste.
Tel est le silence mental.
[...]

Le silence mental ne consiste pas à tout arrêter, 
à faire le vide et refuser tout ce qui pourrait pénétrer 
(inspiration, vision, etc.) 
mais à fonctionner sans heurts, sans interférences.

Ce silence s'obtient par la pratique 
ou par une grâce divine exceptionnelle. 
L'entraînement est de tous les instants.
[...]
Le silence mental est une clé ; 
elle est offerte à chacun,
mais elle n'est pas à vendre.
.
"Votre potentiel d'immortalité"
.



- Il est possible que la plus grande partie de cette vie
soit invisible
et que nous ayons à en devenir des transmetteurs,
mais la plupart du temps nous y faisons obstacle.
.
Tournés vers nous-même nous devenons opaques,
nous offrons une résistance à quelque chose
qui demande juste
à passer à travers nous 
pour aller plus loin,
et cette vertu d’effacement,
avant de la trouver un peu plus tard
chez ce que l’on appelle aussi
 improprement les « saints »,
je l’ai trouvée chez certains artistes,
peintres, écrivains ou musiciens.

 - Les artistes ont donc le rôle
de révéler le monde invisible.
.

(entretien)
.




mardi 27 septembre 2016

La vague et l'océan


Imaginez une vague dans un océan.
La vague se dit à elle-même :
« Je suis séparée de l’océan ».
Elle se croit et  s’expérimente comme existant séparément de l’océan.
Elle croit qu’elle est née en tant qu’entité séparée et qu’elle mourra un jour.

Elle a une histoire d’un passé et d’un futur,
elle peut parler de ses expériences passées, ses succès, ses échecs,
ce qu’elle a accompli, ses espoirs, ses regrets et ses peurs.
Et de milliers de façons différentes elle passe sa vie à chercher :
chercher l’amour, l’approbation, le succès ou l’illumination spirituelle,
et ce qu’elle recherche vraiment, bien sûr, c’est l’océan.

Pourtant la vague est déjà l’expression parfaite de l’océan
– elle l’était depuis le tout début.
L’océan s’exprime au travers de toutes ces vagues apparemment différentes.
L’Un s’exprime, au travers du « multiple », même si en réalité,
le « multiple » n’est pas séparé de l’Un.
.
Jeff Foster
.




La poursuite du bonheur est dérisoire.

"Avez-vous vu la mer ?"
Voilà le poisson en quête de la mer :
« Avez-vous vu la mer ? ».
Il est émouvant. Dérisoire et émouvant.
Il nage comme un fou, de plus en plus vite, de plus en plus loin.
« Avez-vous vu la mer ? ».
Il la cherche au milieu des récifs de corail,
dans les taillis d’algues violettes,
dans les gouffres bleus, dans les fonds glauques.
Il va là où personne encore n’est allé.

« Avez-vous vu la mer ? ».
 Jusqu’à l’instant où, à l’entrée d’une grotte,
une pieuvre bienveillante vient à son secours.
« Ne cherche plus ! Tu y es ! »
Jamais tu n’y as pas été, jamais tu n’en seras plus proche
que tu ne l’as toujours été !
Jamais plus proche qu’en chaque instant de ta vie passée et à venir…
Mais alors, comment as-tu (comment ai-je) pu fabriquer tant de malheur,
tant d’éloignement, d’égarement, de dérèglement,
d’errance, de criante solitude ?

Ne peut-elle rendre fou, cette révélation
que cela qui est là en permanence et en abondance autour de moi
est cela même qui me manquait si cruellement,
qui me paraissait si impossible à rejoindre ?

Et si la mer est vraiment ce qui est là partout,
ce dans quoi je nage depuis le début,
il n’y aura donc pas de rencontre, pas de face-à-face,
 pas d’enlacement, pas de corps-à-corps.
Nul ne sera en mesure de s’emparer d’elle,
d’en faire son glorieux butin.
Il n’y aura plus de héros, plus de Prométhée voleur de feu !
Elle est ! Voilà tout. Je ne l’aurai donc jamais.
Jamais elle ne m’appartiendra.

La vieille pieuvre ajoute : « Ne sois pas déçu, jeune poisson !
Elle t’enveloppe en cet instant.
Sans sa voluptueuse caresse le long de ton corps fusiforme,
de tes ouïes, de tes branchies, à chaque battement de tes nageoires,
à chaque palpitation de tes barbillons… »
A-t-il entendu ?

Voilà.
Chaque heure est la bon(ne) heur(e).
Même ta toute dernière.

Tant que tu attendras qu’il t’arrive bonheur
 et que ce bonheur se tienne devant toi
avec ses cadeaux et ses oripeaux,
tu n’entendras ni le vent dans les branches dehors,
ni en toi le souffle lent qui te visite, inspir… expir… :
son vrai langage et sa petite musique

Christiane Singer
« N’oublie pas les chevaux écumants du passé »
.


dimanche 25 septembre 2016

Le visible et l'invisible




Habib, tu vois la plume qui écrit , tu ne vois pas la main de l'écrivain.
Tu vois le cheval qui galope, tu ne vois pas le cavalier qui le monte.
Tu vois la flèche qui vole, tu ne vois pas l'arc qui tire.
Tu vois les âmes, tu ne vois pas l'âme des âmes.

L'impuissance, l'obstruction et l'apathie sont visibles.
La vivacité et la fougue sont invisibles.

Habib, nous sommes tous des proies.
Et je me demande : "Qui est le poseur de pièges ?"
Nous sommes comme des balles de polo...
Et je me demande : "Qui est le joueur ?

Où est ce tailleur qui coupe et qui coud ?
Où est cette flamme qui souffle et qui brûle?"
.
Nahal Tajadod
"Sur les pas de Rûmi"
.



vendredi 23 septembre 2016

Le Soi qui écrit l'histoire de notre vie ...



Pour comprendre ces notions difficiles
une autre métaphore éclairante est celle de l'écriture.

Dans l'acte d'écrire, on peut distinguer : 
le papier et l'encre
(le corps physique, le monde matériel, le visible)
la plume ou le stylo
(l'ego, la personnalité, le psychisme)
et celui qui écrit
(le Soi, la partie spirituelle, immortelle et invisible)...


On voit que la place de l'ego 
est "entre" le Soi et ce qui s'écrit :
c'est l'intermédiaire, l'outil...
Notre personnalité n'est donc  pas une illusion
ou  un obstacle, un ennemi à vaincre,
comme certains aiment à le croire...
mais elle est l'outil par lequel notre vie s'écrit...
tandis que le Soi  est la Source de l'écriture.

Bien sûr, le plus important c'est le Soi :
c'est lui qui "sait" ce qu'il veut inscrire sur le papier, 
c'est lui qui connaît le texte à écrire, 
qui détient la Connaissance et l'Intention.

Mais le stylo a son importance aussi :
il doit être en bon état 
et répondre aux sollicitations du scripteur, 
sinon celui-ci ne peut pas arriver au bout de sa tâche.
Rien de plus pénible qu'un stylo qui ne marche pas, 
dont l'encre ne coule pas ou coule trop vite,
qui fait des taches, des ratures...etc.

Or, c'est ce qui nous arrive à tous.
Nous sommes des stylos peu fiables.
Il faut bien reconnaître que, 
la plupart du temps,
à cause de nos blessures d'enfance
à cause de nos blessures de vie,
 nous sommes en piteux état : 
 souvent secs,  parfois abîmés
ou même complètement cassés.

La première tâche est donc, très logiquement,
de faire ce qu'il faut pour retrouver 
un fonctionnement correct,
une encre qui s'écoule de façon fluide et régulière,  
pour que nous soyons "en bon état" psychologique, 
pour que notre personnalité redevienne capable d'exprimer
ce qu'on lui demandera d'exprimer. 
C'est la tâche de la psychologie 
et de toutes les thérapies.

Mais une fois cela plus ou moins réalisé, 
-je dis plus ou moins parce que ce n'est jamais fini-
il y a une deuxième tâche à accomplir :
c'est de se rendre disponible pour le scripteur.

Un stylo ou une plume
en parfait état,  posés sur une table,
 ne servent absolument à rien.
Il reste à avoir l'humilité de comprendre
que le développement personnel
- le travail sur la personnalité - 
n'est qu'un travail préparatoire.
L'outil ne connaît pas le but,
il ne sait rien de ce qu'il a à faire.
Il reste à accepter d'être guidé
par plus grand que lui, par la main du Soi.

D'elle-même, la plume ne dépassera pas 
le stade du "gribouillis" informe... 
Elle s'agitera dans tous les sens,
au gré du vent de ses désirs,
en croyant "agir", bien sûr...
elle laissera des traces
mais son "action" n'aura pas de signification.
Le sens, la signification sont  dans l'esprit du scripteur,
c'est-à-dire en dehors de la personnalité,
en dehors de l'outil visible, en-dehors du psychisme, 
dans une autre dimension qui est celle de l'Esprit.

La deuxième tâche consistera donc à reconnaître
 et à contacter le pôle "spirituel" de notre être, le Soi,
 et à se rendre disponible à lui
pour qu'il puisse écrire l'histoire telle qu'il a en tête.
Pour ce faire, il est indispensable d'arrêter notre agitation gratuite,
nos gribouillages continuels...nos "écritures automatiques"
afin de retrouver un espace de calme...
C'est le rôle de la méditation, 
 ou de la contemplation.

Et puis il est important de se montrer attentif 
pour recevoir les sollicitations du Soi :
celles-ci peuvent venir 
par les occasions de toutes sortes 
que la vie nous offre chaque jour, 
par les hasards, les signes, les synchronicités, 
ou par les intuitions, les inspirations, 
les visions, les rêves nocturnes...
toutes ces petites choses légères et subtiles,
qui sont là en permanence,
mais qui passent si souvent inaperçues.
C'est là un travail d'écoute spirituelle.

Ensuite, il faudra aussi se montrer réactif et souple,
abandonner les crispations, les peurs, les résistances,
pour exprimer au mieux ce que la "main du Soi",
"la main cachée" nous transmet ...
Pour que cela devienne encre visible
sur le papier du monde.

Ce travail-là, qui est le plus difficile, 
ne se traduit pas forcément
par une réalisation concrète et matérielle,
mais consiste à mettre en cohérence
nos intuitions, nos ressentis, nos valeurs,
et notre comportement quotidien.

Et si nous y parvenons
-au moins un peu,
car c'est une oeuvre de très longue haleine-
alors les trois mondes (le monde extérieur,
le monde intérieur, et le monde spirituel)
et les trois parties de nous-même 
( le Corps, l'Âme et l'Esprit )
s'aligneront dans l'Unité
et nous aurons accompli
ce pour quoi nous sommes nés...

Nous aurons pu écrire, avec notre couleur propre,
et avec la personnalité unique qui est la nôtre
(avec les arabesques particulières
qui n'appartiennent qu'à nous)
l'histoire qui se cache en nos tréfonds,
l'Histoire que notre Soi,
dès notre naissance, avait envie d'écrire
afin d'ajouter une page unique et précieuse
au Grand Livre de la Vie.
.

La Licorne
.




Un autre symbole parlant :
celui de la lampe à huile ou de la bougie


Constitution de l'homme :




mercredi 21 septembre 2016

Advaïta


Advaïta signifie littéralement "non-deux"
et se traduit le plus souvent par "non-dualité"...




L'ego est ce que l'on peut appeler l'âme-personnalité
puisqu'il est le masque sous lequel notre âme se présente dans le monde.
C'est ce masque qui affiche notre caractère et nos capacités,
en un mot notre personnalité et notre potentiel.

C'est lui qui fait que nous sommes tous uniques
et que nous avons la possibilité de nous singulariser
en nous extrayant d'un groupe.
Il nous autorise l'expérience individuelle.
Il est l'explorateur de la Vie en nous.
.
S'attacher à faire mourir l'ego,
c'est  s'enliser encore un peu plus dans la dualité,
 c'est perpétuer notre incarcération au coeur même de l'incarnation.
C'est fixer la guerre en nous
en se retranchant derrière des prétextes lumineux.
.




Sans nécessairement le réaliser,
chacun de nous peut avoir accès à un sublime espace de joie et de paix.
.
C'est un espace de pureté absolue que rien ni personne ne peut souiller.
La réalité de cet espace se situe au-delà de notre âme.
Notre Âme est en effet la source de notre ego
et de ses personnalités successives.
.
L'espace dont il est question est celui de notre esprit.
Il s'agit d'un Principe androgyne qui ignore la dualité
car son essence est divine.
C'est lui qu'on appelle le Soi ou encore l'atma.
.
Notre esprit, notre Soi, notre atma
est par nature "impolluable".
.
Quiconque prend conscience qu'il est constamment invité
à s'approcher du Divin et à goûter sa présence
devrait tout mettre en oeuvre pour débroussailler le chemin
qui conduit à son propre Soi.
.
Celui qui accomplit le plus beau pélerinage vers la Source
est celui qui a la sagesse de plonger en silence en lui-même.

L'Esprit qui veille au fond de nous
se situe sur un autre plan
que celui des manifestations psychiques.



Celui qui parvient à toucher la présence de l'esprit en lui-même
-son atma immuable-
ne s'assimile plus à ce qu'il croyait être jusque là.
Il réalise que son ego n'existe pas en lui-même
mais n'est qu'un outil transitoire.
Il découvre enfin le sens de l'état d'Unité avec le Tout.
.
Se déconditionner de la perception pétrifiée et superficielle de la Vie
qui nous a été inculquée devient ainsi la priorité des priorités.
.
   Le meilleur de l'humain
n'est la propriété d'aucune foi.
Il témoigne de l'Espace infini du Divin.
.


Ô, Âme de mon âme,
Joyau de mon esprit,
je te sais là,
au Centre de mon centre,
Tu es mon continent de paix,
Tu es mon océan sans tempête,
Mon feu de compassion
Et mon souffle d'Être,
Dis-moi ta présence
Fais-moi t'éprouver et te connaître.
Appelle-moi à descendre en toi.
Ô Âme de mon âme
Joyau né du Tout,
Accueille-moi afin qu'en toi
je me reconnaisse.
.

Daniel Meurois
"Advaïta"
.


dimanche 18 septembre 2016

Le théâtre de la vie


"Je" est un autre.
Arthur Rimbaud
.


Une des métaphores les plus parlantes et les plus riches qui existent, 
pour bien comprendre notre identité d'être humain,
est celle du THEATRE.

La Vie est comme une pièce de théâtre.

A la naissance, nous quittons les coulisses 
et montons sur la scène du monde.
A notre mort, le rideau tombe
et nous quittons la scène.

Entre-temps, nous jouons une pièce.
Nous avons un rôle à jouer dans l'histoire, 
(dans l'Histoire).

Nous jouons à être ceci ou cela...
homme ou femme,
européen ou asiatique
chrétien ou musulman,
patron ou employé,
célèbre ou anonyme...etc.

Le personnage que nous incarnons alors
est notre Personnalité.
C'est elle qui permet de nous différencier
et qui permet aux autres de nous reconnaître
en tant qu'être humain  unique,
jouant un rôle unique.

Cette personnalité est importante, 
elle est essentielle,
personne ne peut s'en passer 
ou faire comme si elle était négligeable.
Elle est notre compagne quotidienne.

Mais le danger est de s'y identifier.
De s'identifier si fort à ce personnage
et à ce rôle temporaire
qu'on en oublie qu'ils ne sont pas nous.

Que nous existons aussi en-dehors de cette scène.
Que nous avons une identité plus profonde :
celle de l'Acteur.

Et que c'est celle-ci
que nous retrouverons tôt ou tard.
Après la pièce.

Bien sûr, le fait de jouer la pièce n'est pas inutile.
Grâce à cette expérience, 
l'Acteur apprend de nouvelles choses.
Sur la vie, sur lui-même.

Il "sort" de cette expérience de "jeu"
différent de ce qu'il était en y entrant.
Enrichi.
Et prêt pour jouer un autre rôle,
une autre pièce.

Il s'agit donc de jouer son rôle
et de bien le jouer.
De s'y investir...
Puisque nous sommes là pour cela.
Et que si nous ne nous y investissons pas, 
nous n'évoluerons pas.

Donc jouons le Jeu, 
jouons le "JE"...
Du mieux que nous le pouvons.
Mais tout en gardant à l'esprit
que, tout au fond,
 nous ne sommes pas ce "JE", cet ego, ce personnage.
Nous sommes l'Acteur qui joue le personnage.


Nous ne sommes pas le masque,
nous sommes l'Être qui porte, temporairement, 
pour quelques dizaines d'années,
le masque.

Notre Être véritable se situe ailleurs,
derrière, dans les coulisses,
hors du temps et de l'espace 
de notre vie humaine.

Nous ne disparaissons pas
quand les projecteurs s'éteignent
et que nous quittons notre costume de scène. 

Nous sommes beaucoup plus vastes que cela.
Plus vastes que notre personnage incarné.
Nous sommes Esprit.
Nous sommes le Maître du JE.

Certains appellent cet Être spirituel,
plus vaste et plus profond, le SOI...
D'autres lui donnent des noms différents...
(Le Centre, la Conscience supérieure,
le Moi authentique, l'Être éternel,
le Guide ou le Maître intérieur, le Pôle de lumière...)
le nom choisi n'a d'ailleurs  aucune importance, 
à partir du moment où il désigne notre ESSENCE.


La Licorne
.


samedi 17 septembre 2016

Petite musique



Quand je demande à ceux que je rencontre 
de me parler d'eux-mêmes, 
je suis souvent attristée par la pauvreté de ma moisson.

On me répond : je suis médecin, je suis comptable. .. 
j'ajoute doucement : vous me comprenez mal.
Je ne veux pas savoir quel rôle vous est confié 
cette saison au théâtre mais qui vous êtes, 
ce qui vous habite, vous réjouit, vous saisit ?
Beaucoup persistent à ne pas me comprendre, 
habitués qu'ils sont à ne pas attribuer d'importance à la vie 
qui bouge doucement en eux. 

On me dit : je suis médecin ou comptable mais rarement : 
ce matin, quand j'allais pour écarter le rideau, 
je n'ai plus reconnu ma main. .. 
ou encore : je suis redescendue tout à l'heure 
reprendre dans la poubelle les vieilles pantoufles 
que j'y avais jetées la veille ; je crois que je les aime encore. .. 
ou je ne sais quoi de saugrenu, d'insensé, de vrai, 
de chaud comme un pain chaud 
que les enfants rapportent en courant du boulanger. 

Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible 
qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche pas vers elle ?
.
Christiane Singer
"Les sept nuits de la reine"
.


jeudi 15 septembre 2016

On a effacé le ciel





Le mieux est de ne se faire aucune illusion
sur l'histoire des sociétés.
Je pense qu'aucune n'a accueilli la lumière,
et pourtant notre époque est pire :
c'est la première fois qu'on a supprimé le ciel.
(...)
...aujourd'hui, on a effacé le ciel
aussi simplement et doucement
qu'avec une éponge sur un tableau noir,
et pour la première fois,
nous sommes laissés entre nous.
C'est pourquoi il n'y a plus que l'entre-dévorement. 

Pour connaître ce monde,
il suffit d'entendre parler les citoyens américains.
Il y a quelque chose qui leur est propre
et qui est répandu partout :
une sorte d'incroyable suffisance.
"Ce que je fais, c'est bien."
Ils sont comme des hommes sans failles,
des hommes sans regard. 

C'est le reflet du ciel dans la prunelle des yeux
qui donne les regards, 
comme un petit caillou
jeté dans l'eau tremblotante des yeux.
En effaçant le ciel, on efface les regards. 

On nous a enlevé petit à petit
et méthodiquement la lumière
qu'on avait dans les yeux en naissant.
.
"La lumière du monde"
.




mardi 13 septembre 2016

Se libérer




Vous êtes libres lorsque vous vous débarrassez
de vos conditionnements et que vous regardez la vie
pour la première fois avec des yeux frais,
sans aucun nuage de conditionnement
entre vous et la réalité.
.
Osho
.



L’esprit doit, avant tout, se libérer du conditionnement

S’engager dans la liberté et découvrir ce qu’est l’amour -
seules comptent ces deux choses-là :
la LIBERTE et ce qu’on appelle « L'AMOUR ».

Sans liberté totale, l’amour ne peut exister,
et tout homme sérieux se consacre uniquement
à ces deux choses-là
et à rien d’autre.

La liberté sous-entend que l’esprit se libère totalement
de tout conditionnement, n’est-ce pas ?
En d’autres termes, pour se déconditionner
- ne plus être hindou, sikh, musulman, chrétien ou communiste -
l’esprit doit être complètement libre.

Car cette division entre les hommes, en tant qu’hindous, bouddhistes,
musulmans et chrétiens ou Américains,
communistes, socialistes, capitalistes, etc.
engendre le désastre, la confusion, le malheur et la guerre.

L’esprit doit donc, avant tout, se libérer du conditionnement.
Vous dites peut-être que c’est impossible.
 Si c’est impossible, il n’y a pas d’issue.


C’est comme un homme emprisonné, disant :
« Je ne peux pas sortir ».
Tout ce qu’il peut faire, c’est décorer sa prison, l’améliorer,
 la rendre plus confortable, plus commode,
en réduisant ses activités et en se réduisant lui-même
à l’espace limité des quatre murs qu’il a lui-même construits.

Tant de gens disent que c’est impossible
- l’ensemble du monde communiste affirme que c’est impossible,
et donc on conditionne l’esprit autrement,
d’abord par un lavage de cerveau,
puis par un nouveau conditionnement sur le mode communiste.

Les croyants ont fait exactement la même chose.
Depuis l’enfance, ils subissent un lavage de cerveau,
les conditionnant à croire qu’ils sont hindous,
sikhs, musulmans et catholiques.

Les religions parlent d’amour et de liberté,
mais en fait elles insistent sur le conditionnement de l’esprit.

Krishnamurti
« De la liberté »
.




dimanche 11 septembre 2016

Serviteurs d'un système




...je considère que notre système n’a pas d’intérêt.
Je n’ai pas envie d’être né pour produire,
pour consommer et mourir.
C’est une destinée un peu limitée !

 Je suis né pour vivre,
je suis né pour admirer.
(...)
.
Du métro au boulot, du boulot au dodo,
on passe d'une boîte à l'autre.

D'où les questions que je me posais (...) :
"Vivons-nous vraiment ou subissons-nous une règle arbitraire
qui ne nous laisse aucun choix ?"

En examinant le microcosme où je me trouvais,
je l'ai assimilé à une prison.




Comme si, dans la vastitude et la beauté du monde,
une vie entière devait se passer dans le confinement.

Que les congés soient mis à profit pour "s'évader"
n'est pas sans signification...
.
Pierre Rabhi semeur d'espoirs
Entretiens
.



Trouve un job, va travailler, 
marie-toi, fais des enfants, 
suis la mode, agis selon la norme, 
marche sur la voie, regarde la TV, 
obéis à la loi, 
épargne pour tes vieux jours...

Et maintenant, répète après moi :
JE SUIS LIBRE
.



vendredi 9 septembre 2016

Effacement progressif





Pour toutes les traditions et les religions antiques,
l'être humain était composé de TROIS parties :
.
Le CORPS étant sa forme matérielle
et visible...

L'ÂME correspondant 
à ce qu'on appelle aujourd'hui
la "psyché",
(le siège des émotions et des pensées)...

L'ESPRIT
(ou "noùs" ou "pneuma", le souffle)
désignant, quant à lui, la partie divine de l'homme,
relevant de l'absolu, sa partie immortelle.
.
Mais le Concile de 869
et plus tard, les théories de Descartes
ont fait voler en éclat cette conception :
on déclara que l'homme était composé
d'un corps et d'une âme, un point c'est tout.
On passa alors d'une conception ternaire
à une conception binaire.

Peu à peu, le sens du mot "esprit" dévia
et perdit toute signification "spirituelle".
Il fut confondu avec l'âme - ou avec l'intellect -
et son sens se rabaissa progressivement
jusqu'à devenir synonyme de drôlerie :
("faire de l''esprit", être "spirituel").
.
Et aujourd'hui, on dirait bien, 
si on est un peu attentif,
qu'après avoir "effacé" l'esprit,
notre société s'apprête à nous "raboter l'âme" !

Sous nos yeux, nous voyons peu à peu
apparaître une conception de l'être humain
qui le réduit à son corps, à son apparence,
à ses biens et à ses performances.
..
Un homme "formaté" par l'éducation et les médias,
dont les pensées et les émotions
sont de plus en plus conditionnées,
de moins en moins "personnelles".
.
Nous fabriquons un monde uniformisé
et un homme "sans âme et sans esprit"....

Qu'est-ce que vous dites ?
Primaire ?
 Une conception "primaire" ?

.
.



jeudi 8 septembre 2016

Liberté




La vie échappe aux formules et aux systèmes 
que notre raison s'efforce de lui imposer ; 
elle s'avère trop complexe, trop pleine de potentialités infinies 
pour se laisser tyranniser par l'intellect arbitraire de l'homme...

Toute la difficulté vient de ce qu'à la base 
de notre vie et de notre existence,
il y a quelque chose que l'intellect 
ne pourra jamais soumettre à son contrôle :
l'Absolu, l'Infini.
.
Notre seule véritable liberté consiste
à découvrir et à dégager
la réalité spirituelle qui est en nous.
.
Sri Aurobindo
.




mardi 6 septembre 2016

Ce noyau infracassable en nous




Les pensées négatives sont puissantes
et nous aspirent vers la noirceur.
Et la même force est à notre disposition
dans la ferveur.
.
Annick de Souzenelle m'a donné cette magnifique phrase :
"Un arbre qui tombe fait plus de bruit
que toute une forêt qui pousse."

Nos actualités, nos informations ne sont faites que d'arbres qui tombent. 

Le monde aurait disparu depuis bien longtemps si ceci était l'unique réalité. 
Le monde tient debout par ce réseau d'amour que nous créons, vous et moi, 
chaque jour, et tous ces êtres qui, en cet instant, sont en train de faire quelque chose, 
des actes d'amour dans le monde, un regard de tendresse pour la terre 
qui nous entoure, pour la création. 
Cela tient le monde debout.

Il ne s'agit pas de se détacher du monde, 
mais de le rencontrer à partir d'une autre force. 

Quelque chose en moi sait que rien ne peut m'arriver, 
que rien ne peut me détruire. 
C'est ce noyau infracassable en nous, 
ce noyau infracassable du divin en nous. 
Alors la peur cesse, et quand la peur cesse, 
il y a un drôle de morceau de moins d'horreur sur la terre!

Parce que la peur est la plus grande créatrice de réalités qui existe. 
Ce dont nous avons peur, nous le créons presque irrémédiablement.

C'est quelque chose d'effarant. Vous avez dû le remarquer dans votre vie. 
La peur a le pouvoir d'engendrer images et réalités. 
Dans l'univers d'épouvante dans lequel nous vivons, 
tout tient par la peur. 

Il faut y répondre en congédiant en nous la peur, 
en reprenant contact avec ce noyau infracassable qui nous habite.
Christiane Singer
"Du bon usage des crises"
.



samedi 3 septembre 2016

Nous sommes des êtres spirituels




Il est indispensable de rêver : 
On respire mieux ! Le rêve est l'oxygène de l'esprit.
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Seul le fantastique a des chances d'être vrai.
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Ce n'est pas d'un tête-à-tête ni d'un corps à corps, 
c'est d'un coeur à coeur que nous avons besoin.
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L'amour est la plus universelle, la plus formidable 
et la plus mystérieuse des énergies cosmiques.
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Tout ce qui monte converge.
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Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, 
les vagues, les marées et la pesanteur,
nous exploiterons l'énergie de l'amour.
Alors, pour la seconde fois dans l'histoire du monde,
l'homme aura découvert le feu.
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Tous ceux qui veulent dire une vérité avant son heure 
risquent de se retrouver hérétiques.
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Nous ne sommes pas des êtres humains 
vivant une expérience spirituelle. 
Nous sommes des êtres spirituels 
vivant une expérience humaine.
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Pierre Teilhard de Chardin
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jeudi 1 septembre 2016

Vieillerie de Dieu

photo personnelle


Dieu.
Cette vieillerie de Dieu,
cette vieille bougie de Dieu brûlant au noir des siècles,
ce feu follet rouge sang, cette misère d'une chandelle
mouchée par tous les vents,
nous, gens du vingtième siècle, 
nous ne savons qu'en faire.
Nous sommes des gens de raison.
Nous sommes des adultes.
Nous ne nous éclairons plus à la bougie.
Nous avons un temps espéré que les Eglises
délivreraient de Dieu. 
Elles étaient faites pour ça.
Les religions ne nous dérangeaient pas.
Les religions sont pesantes
et la pesanteur nous rassurerait plutôt.
C'est la légèreté qui nous fait horreur,
cette légèreté de Dieu en Dieu,
de l'esprit dans l'esprit.
Et puis nous sommes sortis des Eglises.
Nous avons fait un grand chemin.
De l'enfance à l'âge adulte, de l'erreur à la vérité.
Nous savons à présent où est la vérité.
Elle est dans le sexe, dans l'économie et dans la culture.
Et nous savons bien où est la vérité de cette vérité.
Elle est dans la mort.
Nous croyons au sexe, à l'économie, à la culture et à la mort.
Nous croyons que le fin mot de tout revient à la mort,
qu'il grince entre ses dents serrées sur leur proie,
et nous regardons les siècles passés
du haut de cette croyance, avec indulgence et mépris,
comme tout ce qu'on regarde de haut.
Nous ne pouvons leur en vouloir de leurs erreurs.
Elles étaient sans doute nécessaires.
Maintenant, nous avons grandi.
Maintenant, nous ne croyons
qu'à ce qui est puissant, raisonnable, adulte
-et rien n'est plus puéril
que la lumière d'une bougie
tremblant dans le noir...
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"Le Très-Bas"
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